- novembre 5, 2025
Faire résonner votre politique RSE au sein de votre stratégie IT
Les entreprises accélèrent sur la RSE. Mais qu’en est-il des directions informatiques ?
La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) devient un pilier stratégique pour les entreprises, encouragée par les réglementations européennes, les marchés, et surtout les attentes grandissantes des collaborateurs, des clients et des partenaires.
Mais si l’on voit de nombreuses initiatives côté RH, achats ou production, la question reste souvent en suspens : comment une DSI peut-elle, elle aussi, contribuer concrètement à la stratégie RSE de l’entreprise ?

La DSI, catalyseur de politique RSE
La DSI est un acteur central de la transformation de l’entreprise.
Les directions RH agissent sur l’environnement des salariés, les opérations sur la réduction de l’empreinte environnementale, la direction générale fixe le cap. Et la DSI, elle ?
Elle conçoit, opère et maintient les outils numériques sur lesquels tout repose. Autrement dit, elle fait partie de l’équation et permet d’actionner les leviers de transformation essentiels à la mise en œuvre de la politique RSE.
Mais pour agir efficacement, encore faut-il savoir où se situent les marges de manœuvre.
Trois champs d’action se dégagent naturellement : le build (la manière de concevoir les solutions), le produit (le résultat livré) et le run (l’exploitation et la maintenance).
La responsabilité peut s’exprimer différemment selon ces trois dimensions : sur le build et le run, on agit sur la façon de faire ; sur le produit, on agit sur ce qu’on conçoit.
S’aligner avant d’agir
Avant toute chose, la clé du succès tient en un mot : alignement.
Une DSI qui veut mener sa propre politique RSE doit s’inscrire dans les objectifs de l’entreprise, sans quoi ses initiatives risquent de rester isolées ou incomprises.
L’alignement stratégique facilite le sponsoring, garantit la cohérence globale et crée un cadre propice à la reconnaissance des efforts fournis.
Cela n’interdit pas l’innovation. Au contraire, lancer un ou deux projets pilotes permet souvent d’expérimenter, de démontrer la valeur, puis de diffuser les bonnes pratiques. Mais ces initiatives doivent être intégrées à la trajectoire RSE globale, en lien étroit avec les équipes qui la pilotent.
De la conviction à la mise en œuvre : une démarche pragmatique
La première étape consiste à identifier les ambitions RSE transposables à la DSI.
Certains sujets sont internes à la direction elle-même comme par exemple la politique d’achat et de renouvellement du matériel.
Sur d’autres il convient d’agir en relai des initiatives de l’entreprise : réduction de la consommation énergétique, égalité professionnelle, mobilité douce, etc.
Et enfin pour les derniers, ils se traduisent directement dans les projets : conception de produits plus sobres ou plus accessibles.
Une fois les priorités identifiées, il faut structurer la démarche : réaliser un état des lieux, fixer des objectifs atteignables, puis planifier les actions.
L’erreur la plus fréquente consiste à vouloir tout faire à la fois. Mieux vaut avancer progressivement, consolider chaque étape, et inscrire les résultats dans la durée.
L’important, c’est de ne pas rester dans le “best effort”. Sans temps, sans budget et sans objectifs clairs, les meilleures intentions s’éteignent rapidement.
Intégrer la responsabilité dans le quotidien des projets
Sur le produit, la démarche peut passer par l’écoconception : concevoir des logiciels plus sobres, limiter les ressources consommées, optimiser les échanges de données. L’accessibilité est un autre levier essentiel : un produit utilisable par tous renforce non seulement l’inclusion, mais aussi la qualité globale de l’expérience.
Certains projets vont plus loin et proposent des fonctionnalités à impact direct : mesure de la consommation énergétique, suggestions d’usage responsable, indicateurs de sobriété.
Sur le build, la responsabilité se joue dans les méthodes.
Intégrer des critères RSE dans les exigences, rationaliser les environnements de développement, limiter les déploiements inutiles ou encore choisir des architectures moins énergivores sont des gestes simples, mais concrets.
Former les équipes à ces principes est tout aussi crucial : sans culture partagée, les bonnes pratiques restent théoriques.
Enfin, sur le run, la DSI dispose d’un puissant levier d’action.
Optimiser l’usage des ressources, éteindre les environnements non utilisés, choisir des prestataires engagés, s’interroger sur les données stockées : autant d’actions à fort impact sur l’environnement mais aussi sur vos finances.
Mesurer, prouver, crédibiliser
Une démarche RSE crédible s’appuie sur des faits.
Il ne s’agit pas d’empiler les indicateurs, mais de suivre ceux qui comptent : empreinte carbone du parc IT, consommation énergétique, durée de vie du matériel, taux d’accessibilité, nombre d’applications écoconçues…
Ces mesures permettent de piloter les efforts, de démontrer les résultats, et surtout de légitimer la poursuite des actions.
Mesurer, c’est aussi créer un cercle vertueux : plus on prouve, plus on est écouté, et plus il devient facile d’obtenir les moyens de continuer.
Installer une gouvernance responsable
Pour inscrire ces efforts dans la durée, la gouvernance est essentielle.
Un comité mixte RSE-DSI peut coordonner les initiatives, un reporting trimestriel permet de suivre les progrès, et une formation régulière des équipes entretient la dynamique.
Mais la gouvernance ne suffit pas : il faut aussi une culture.
Une culture où l’on valorise les initiatives, où l’on raconte les réussites, où l’on apprend des échecs.
Communiquer n’est pas accessoire : c’est une manière de donner du sens, de mobiliser les équipes et d’attirer de nouveaux sponsors.
De la responsabilité à la transformation
Faire des projets responsables, ce n’est pas révolutionner la DSI du jour au lendemain.
C’est adopter une approche progressive, fondée sur l’expérimentation et la preuve.
C’est accepter de commencer petit, mais de viser juste.
Et c’est, surtout, redonner du sens à la technologie : faire en sorte que le numérique, souvent accusé d’être une partie du problème, devienne une partie de la solution.
En intégrant la RSE dans leurs projets, les Directions des SI peuvent non seulement avoir un impact positif, mais aussi renforcer leur valeur stratégique au sein de l’entreprise.
— Let’s make IT matter.
A propos de l'auteur

Willy Rusillon | Fondateur et Dirigeant de la société exonance