- août 12, 2025
En mode start-up : quand l'entreprise booste son agilité
Dans certaines organisations, un projet peut mourir avant même d’avoir pris vie… noyé dans les processus, les comités et les validations à rallonge.
En 2013, j’ai eu la chance de piloter un projet qui a choisi un tout autre chemin.

Un projet pas comme les autres
Mon client, un acteur industriel, faisait face à un problème récurrent : il manquait cruellement de données sur ses clients finaux et sur l’usage réel de ses produits.
Le modèle de distribution indirect brouillait la vision : les produits passaient par des distributeurs, et le lien direct avec l’utilisateur final était très limité.
L’enjeu stratégique était clair : mieux connaître ces clients et leurs usages pour leur proposer de nouveaux services.
À l’époque, les smartphones explosaient, et l’idée a germé : créer une application mobile et web pour offrir un service innovant aux utilisateurs… et collecter des données précieuses.
Pourquoi le mode Start-Up ?
Le constat était simple : en l’état actuel de l’organisation, l’entreprise aurait eu du mal à faire aboutir un tel projet dans un délai raisonnable.
La décision fut donc prise : travailler “en mode Start-Up”.
Concrètement :
- Autonomie maximale pour le porteur du projet
- Équipe dédiée (5-6 personnes), isolée de l’organisation IT
- Méthode Agile Scrum pour itérer rapidement
- Allègement des règles et processus pour gagner en vitesse
Le projet a démarré comme une solution indépendante avant d’être intégré, quelques années plus tard, dans une offre « corporate » plus large.
Il n’a pas atteint toutes ses ambitions — notamment en termes de business model autonome — mais il a permis d’aller vite et loin.
Les super-pouvoirs du mode Start-Up
Certaines organisations ont besoin, à un moment donné, d’un surcroît d’agilité pour :
- Conquérir un nouveau marché
- Tester un business model
- Prendre une avance technologique
Le mode Start-Up apporte :
- Un porteur de projet engagé qui agit en intrapreneur
- Une équipe 100% dédiée pour éviter la dispersion et garder un rythme élevé
- Une forte visibilité interne pour trouver des sponsors influents
- La liberté de contourner certaines contraintes pour expérimenter et décider vite
Et avec une approche Lean Start-Up, on peut tester l’idée directement auprès du marché, réduire le temps de validation et limiter les risques financiers.
Les écueils à ne pas sous-estimer
Le mode Start-Up est grisant : vitesse, liberté, innovation. Mais cette autonomie peut aussi générer des tensions et des risques qu’il faut anticiper dès le départ.
1. L’acceptation par l’organisation
Un projet autonome, visible et prioritaire peut éveiller des jalousies ou des incompréhensions.
Exemple : un service interne peut refuser de partager des données ou son expertise par peur d’être contourné. Solution : dès le lancement, expliquer la démarche, montrer comment le projet bénéficiera à l’ensemble de l’entreprise et impliquer des relais dans les autres équipes.
2/ Le savoir-faire “invisible”
Ce que l’on prend pour des lourdeurs bureaucratiques sont parfois des garde-fous précieux.
Exemple : des normes qualité qui garantissent la sécurité d’un produit ou la conformité réglementaire. Solution : identifier les règles incontournables à respecter, et négocier l’assouplissement des autres.
3/ Le facteur politique
Plus un projet est visible, plus il attire les regards… et les influences.
Exemple : rivalités entre directions pour récupérer la paternité du projet ou imposer leur vision, pression pour obtenir des résultats rapides au détriment des tests. Solution : disposer d’un sponsor fort qui protège l’équipe des interférences et clarifie la gouvernance.
4/ Le rôle-clé du porteur de projet
Le porteur est à la fois stratège, chef de produit, manager et évangéliste. C’est un marathonien du changement.
Exemple : un porteur trop technique peut négliger la dimension marché ; un porteur trop orienté business peut sous-estimer les défis techniques. Solution : choisir une personne avec une vision produit à 360°, et lui offrir un accompagnement (mentor, réseau interne, formation).
Autonomie ne veut pas dire isolement
Le mode Start-Up peut être un formidable levier pour insuffler de l’agilité et accélérer l’innovation.
Mais la clé du succès reste humaine :
- Un sponsoring fort et constant
- De la pédagogie pour embarquer l’organisation
- Un accompagnement solide du porteur et de l’équipe
Après tout, même dans une petite équipe autonome, personne ne réussit seul.
A propos de l'auteur

Willy Rusillon | Fondateur et Dirigeant de la société exonance